Notre interprète inconscient nous raconte des histoires.

 

 

 

 

 

Michael S Gazzaniga, neuroscientifique directeur du SAGE Center for the Study of the Mind à l’Université de Californie.

Confirme que l’inconscient non seulement parle, mais surtout qu’il  interprète nos actions .

Le cerveau est divisé en deux hémisphères;

  • Les informations visuelles ou sensorielles du coté gauche sont transmises à l’hémisphère droit.
  • Les informations visuelles ou sensorielles du coté droit sont transmises à l’hémisphère gauche.

Les personnes au cerveau divisé, ont  subi une opération consistant à sectionner complètement le corps calleux, gros faisceaux de fibres nerveuses reliant les deux hémisphères cérébraux(1) .

 L’étude  des personnes au cerveau divisé ont  amené Gazzaniga à élaborer son  concept «d’interprète», situé dans l’hémisphère gauche de notre cerveau.

Dans l’une de ces expériences classiques, le patient au cerveau divisé devait pointer avec ses deux mains deux objets correspondant à deux images vues sur l’écran divisé, donc par chacun de ses hémisphères isolés.

 Dans l’essai illustré ci dessus;

  • -la main gauche pointe la pelle parce que l’hémisphère droit qui la contrôle a vu la scène d’hiver.
  • -la main droite pointe la poule parce que le cerveau gauche a vu la patte de poule.

Mais lorsqu’on demande au patient d’expliquer pourquoi sa main gauche pointe la pelle, son hémisphère parlant (le gauche), n’a pas accès à l’information vue par le droit. Il  interprète  son comportement en répondant que c’est parce qu’on utilise une pelle pour nettoyer le poulailler !

Dans une autre expérience Gazzaniga demandait à un patient de fixer le centre d’un écran. À un moment, le mot sortez est brièvement flashé à la gauche de l’écran, donc perçu uniquement par l’hémisphère droit. Cet hémisphère est capable de lire et de comprendre cet ordre, mais ni de le prononcer, ni d’en informer l’hémisphère gauche. Résultat : le patient se lève et se dirige vers la porte. « Où allez-vous ? », lui demande Gazzaniga. « j’ai soif, je vais chercher un jus de fruit », répond le patient

On aurait pu imaginer que l’hémisphère gauche (qui ignore la cause réelle du comportement) réponde : « Je ne sais pas » au contraire, le voilà qui formule une fiction (la soif) à laquelle il croit et qui donne un sens à son propre comportement.

Ce type d’expérience montre à quel point notre cerveau est prompt à fournir des justifications langagières inconscientes,  pour expliquer notre comportement. Mais surtout que chaque être humain possède un module inconscient dans l’hémisphère gauche  qui interprète toutes nos actions pour leur donner un sens.

Pour Gazzaniga (2) seul cet interprète de l’hémisphère gauche qui possède les fonctions langagières complexes  et qui domine le droit  a une véritable conscience spécifiquement humaine.

C’est cet interprète inconscient qui nous donne l’illusion que nous sommes cohérent rationnel. Carl Gustav Jung est le premier psychiatre en 1913 à découvrir cet interprète,  découverte révolutionnaire qui ne sera vulgarisée qu’après sa mort .

Pour Sigmund  Freud «le moi n’est pas le maître dans sa propre maison.»

et pour Carl Gustav  Jung «nous procédons de l’idée simpliste que nous sommes le seul maitre dans notre propre maison.»

Chose certaine, les expériences faites avec des patients au cerveau divisé, ont mis en évidence l’importance de ces histoires que  notre inconscient nous  raconte constamment, pour maintenir une image cohérente de nous-mêmes et de nos actes.

D’autant plus que nous savons maintenant que ces phrases ont d’abord été créées inconsciemment, 350 à 400 millisecondes avant que la conscience n’ait l’intention de les prononcer.

Notre inconscient arrive à justifier les pires des atrocités, ce siècle qui vient de se terminer en a été la triste illustration.

Christian Verdeau

(1) http://lecerveau.mcgill.ca/flash/capsules/experience_bleu06.htm

(2) « Le libre arbitre et la science du cer

 

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.