L’hallucination intrapsychique au regard des neurosciences.

 

c1erveau (22)Les hallucinations intrapsychiques   sont  le plus souvent des  voix internes qui vont commenter les actes ou les pensées du sujet, ou lui donner des ordres pour réaliser des actes précis.
Ces phénomènes de trouble de la perception et notamment les hallucinations constituent l’un des éléments fondamentaux de l’activité délirante.

Mais qu’en est il en ce début du XXIème siècle de cette définition?

Notre conscience vit toujours dans le passé et dispose d’une quantité d’énergie limitée « la volonté » .Les  connaissances scientifiques   en ce début du XXIème apportent les preuves que notre conscience n’est pas à l’origine de nos processus mentaux mais surtout de nos actes volontaires.

Les expériences de Benjamin Libet (1) soulignent que dans le cadre de tout acte volontaire, ce qui se produit est d’abord inconscient, avant de devenir conscient.

Un corpus scientifique confirmant les travaux de Benjamin Libet  permettrait de revoir en profondeur ce concept d’hallucination intrapsychique en ce début du XXIème siècle.

Le protocole de ces  différentes  expériences scientifiques consiste  à demander à des volontaires de choisir entre la main gauche ou droite et au moment de leur choix soulever leur poignet .   Il consiste aussi à demander d’appuyer sur un bouton après avoir choisi un doigt de la main gauche ou droite.

Parmi ces chercheurs en neurosciences nous avons;

John-Dylan Haynes.

L’expérience a contribué à changer les perspectives John-Dylan Haynes sur la vie. En 2007, Haynes, un neuroscientifique au Centre Bernstein de neurosciences computationnelles à Berlin, a placé des volontaires  dans un scanner IRM dans lequel un écran d’affichage flashait une succession de lettres aléatoires  . Il leur a dit d’appuyer sur un bouton soit avec leur index droit ou gauche quand ils en ressentaient le besoin, et de se rappeler la lettre affichée au moment où ils ont pris la décision d’appuyer sur le bouton.

Les résultats ont été surprenants

« La première pensée que nous avions était« nous devons vérifier si cela est vrai »,« dit Haynes. « Nous avons procédé à plus de tests de validité que je n’en ai vu dans aucune autre étude ».

Haynes a découvert que l’ activité cérébrale semblait anticiper cette intention consciente d’appuyer sur le bouton. L’ inconscient avait déjà pris la décision avec sept secondes d’avance.

“Très honnêtement, je ne sais pas très bien quoi faire de ça, reconnaît Haynes. Comment pourrais-je parler de ‘ma’ volonté si je ne sais même pas quand celle-ci se manifeste et ce qu’elle décide de faire ?” (2)

 

Patrick ­Haggard, chercheur en neurosciences à Londres nous dit “Nous croyons faire des choix, mais ce n’est pas vrai”.

Il donne pour instruction au volontaire de simplement appuyer selon son choix sur une des touches du clavier d’un ordinateur et de visualiser  le temps sur un oscilloscope le moment où il a eu l’intention d’exécuter le mouvement.

Patrick Haggard note que l’activité cérébrale débute 1000 millisecondes avant que la personne ait l’intention de passer à l’action.  (3)

 

 

Itzhak Fried professeur au département de neurologie université de Tel-Aviv et de californie ( Los Angeles) . Directeur de l’unité de neurochirurgie fonctionnelle de l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv. A implanté des électrodes dans le cerveau d’un patient épileptique dans le cadre d’un traitement chirurgical. Cette expérience a permis de déceler une activité cérébrale environ une seconde avant que le sujet ne prenne la décision consciente  d’appuyer sur un bouton. (4)

 

Angela Sirigu  directeur de recherche au CNRS, Gilles Lafargue docteur en neuroscience.

Ces deux chercheurs détectent une activité cérébrale 550 millisecondes, avant que le sujet ait l’intention consciente d ‘appuyer sur un bouton.  (5)

 

Ned Sahin université de Californie à San Diego

Après une craniotomie une grille d’électrode est positionnée directement sur le cortex. La patiente dans l’attente des crises d’épilepsie se place devant un écran, avec pour instruction de lire et de répéter silencieusement  un verbe et de le conjuguer « marcher » «  chaque jour ils marchent » « hier ils ont marché »

Ned Sahin après enregistrement de l’activité  cérébrale de l’aire de Broca  a constaté

la présence de trois pics d’intensité de l’influx nerveux ;

Le premier pic à 200 millisecondes correspond à la phase lexicale et sémantique (répétition silencieuse  du verbe)          marcher

Le deuxième pic à 320 millisecondes correspond à l’étape grammaticale    chaque jour ils marchent

Le troisième pic à 450 millisecondes correspond à l’étape phonologique avec une prononciation différente de sa forme initiale  hier ils ont marché.

La prise de conscience de notre intention de parler (acte volontaire),  ne se produit qu’après 450 millisecondes. C’est à ce moment que consciemment nous pouvons décider de prononcer la phrase ou refuser. (6)

 

Dans son livre « L’esprit au delà des neurones »page 128 Benjamin Libet  écrit : « Dans le cas de la parole, cela signifie, par exemple, que le processus de verbalisation et même le contenu de ce qui doit être dit, a été initié et préparé inconsciemment avant que la parole elle-même ne s’enclenche. »

« Les pensées en tous genres, l’imagination, les attitudes, les idées créatrices, la résolution de problèmes, ect. se développent initialement de façon inconsciente. Ces pensées inconscientes n’atteignent notre conscience réflexive que dans le cas où certaines activités cérébrales appropriées durent assez longtemps ».

 

« Je croirais plutôt, pour ma part, que l’inconscient représente encore la plus grande part de notre psyché » Carl Gustav Jung 1913.

Ces découvertes remettent en cause la définition des hallucinations psychiques et notamment l’hallucination auditive verbale.

Christian

(1) source

(2) source

(3) source

(4) source

(5) source

(6) source

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